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Jean-Claude Bélégou Vivre encore :LES GRANDES VACANCES 2018/2019

 

Que sont-elles devenues ces grandes vacances? C'était au temps où rentabilité et sécurité n'avaient pas encore tout écrasé sous leur poids stupide et monstrueux. Étudiant en philosophie dans les années 70 nous faisions notre rentrée aux premiers jours de novembre et dès mi-mai les cours se terminaient ... Un étudiant était alors quelqu'un dont on comprenait que sa formation passait autant par son expérience et son travail personnels que par les cours qu'il suivait, par sa liberté nécessaire à la maturation de sa personne. Qu'il s'agissait de son individualité. Enfant nous vaquions le 30 juin et ne rentrions que le 20 septembre. C'était encore la France agricole qui donnait son rythme aux congés scolaires. Aujourd'hui c'est le tourisme industriel, et ses profits, qui dicte ses lois.


Les grandes vacances c'était encore un terrain d'aventure, que cette aventure se déroule au milieu des arbres, à la mer, dans la cour de la ferme, sur la place du village ou dans la cour de l'immeuble, ou bien dans les affreuses colonies : siestes sur un tapis d'aiguilles de pin, lait grenadine avec la collation de l'après-midi, jeunes monitrices davantage occupées par les moniteurs que par les gamins, marches chantantes en rangs confus, repas hasardeux…
Ou que cette aventure se fasse dans la tête.

Les grandes vacances c'était aussi les vacances en famille, en Bretagne, dans les Pyrénées, les Alpes... Dans ce qu'on appelait à l'époque des meublés, qui n'étaient pas encore les gîtes normés d'aujourd'hui, nous y allions en train d'abord, les petites lignes rayonnaient encore, puis ce fut l'auto. La plage, les grandes marchés, l'herbe, les fermes.


Ce long abandon à soi- même aussi nécessaire à l'élaboration de la personnalité, même passant par l'apprentissage de l'ennui.
Et l'ennui a aussi ses vertus, on y apprend à penser par soi- même.


Et le bruit de la pluie sur la toile de tente et la chaleur moite les jours de grand soleil dedans.
C'était aussi souvent les premières amours.

Tirages jet d'encre pigmentaire 60 x 60 cm réalisés par l'artiste d'après clichés numériques.